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Les articles de Gaëtan Brisepierre
sur la transition énergétique et écologique

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Séminaire sur l’acceptabilité sociale de la sociologie dans les organisations (ACDD, 2014)

Sous l’impulsion de Jérôme Boissonade, j’ai organisé un séminaire sur le thème de la recherche appliquée en SHS, qui a eu lieu le jeudi 11 décembre à la Sorbonne à Paris de 10h à 16h30.  ==> Programme

Depuis quelques années, le réseau Approches Critiques du Développement Durable (ACDD) propose des séminaires qui interrogent le paradigme de l’acceptabilité sociale, largement dominant chez les acteurs du domaine. Cette séance du 11 décembre souhaitait partir des travaux de recherche appliquée menés sur l’énergie et l’environnement ces dernières années pour savoir dans quelle mesure ils permettent aux acteurs de dépasser cette lecture du changement social. Autrement dit, la séance pose la question de l’acceptabilité sociale de la sociologie pour les organisations en prises avec la transition énergétique et écologique.

La séance a accueillit des chercheurs exerçant dans des contextes variés (entreprise, institution publique, libéral, association…) mais travaillant tout sur le “développement durable”, et notamment l’énergie, dans une optique de recherche appliquée. Ils ont moins livé les résultats de leur recherche que leur expérience de chercheur sur un mode narratif en s’attardant sur les conditions d’exercice, les modalités de réception, les effets sur la décision dans l’organisation, et enfin rétroaction sur les pratiques de recherche et l’identité. La séance a été enrichie par la présence de Dominique Desjeux qui joua le rôle de discutant après chaque intervention, et une large place sera accordée aux échanges avec la salle.

Vous pouvez écouter ci-dessous leurs récits d’expérience qui visaient à répondre à trois questions : Quelles sont le conditions de production de la recherche appliquée en sociologie ? Quels sont les modes de réception de ces recherches par les organisations et comment peut-on en appréhender les effets ? En retour, comment les organisations transforment-elles les pratiques des sociologues, voir questionnent leur identité ?

Gaëtan Brispierre, sociologue indépendant, Introduction du séminaire, “De l’acceptabilité sociale de la transition énergétique à l’acceptabilité de la sociologie par les organisations”

 

Delphine LABBOUZ- HENRY, doctorante en psychologie sociale de l’environnement à l’Université Paris-Ouest Nanterre La Défense et chargée de missions R&D au Groupe Elithis : « Développer une approche psychosociale dans un bureau d’études spécialisé dans l’efficacité énergétique des bâtiments »

 

Sylvaine LE GARREC, Sociologue-urbaniste, Association des Responsables de Copropriété : « Pratiquer la recherche-action en sociologie dans une association de défense des copropriétaires impliquée sur les économies d’énergie »

 

Chantal DERKENNE, sociologue à l’ADEME : « Une décennie de recherche appliquée en sociologie dans une institution publique chargée de l’environnement et de l’énergie »

 

Gaëtan BRISEPIERRE, sociologue indépendant ; Stéphane LABRANCHE sociologue-politologue, Vincent RENAULD, ingénieur-sociologue : « Réception par les professionnels et les décideurs des enquêtes sociologiques sur des projets urbains : controverses et appropriation »

 

Quelques uns des éléments marquants sortis de la discussion avec la salle en présence de Dominique Desjeux, qui a suivi chacune des interventions  :

Sur les conditions de production de la recherche appliquée :

  • la pratique de la sociologie sur la transition énergétique dans les organisations privées est souvent liée à l’existence d’une commande publique (CIFRE, ADEME, PUCA, ANAH…), la frontière est donc poreuse.
  • le rôle du sociologue vis à vis de son commanditaire est aussi de réinterroger la commande, en déplaçant le problème, en modifiant le périmètre de raisonnement, de faire un détour afin de mieux répondre à la question.
  • la demande “d’opérationnalité” des commanditaires est ambivalente : la signification de ce mot varie, et l’injonction est plus forte au début de l’enquête qu’à la fin car le passage à l’action peut paraitre risqué.

Sur la réception des résultats de la recherche en sociologie :

  • les résultats d’études sociologiques ne sont pas facilement acceptés car ils augmentent la charge mentale du décideur qui n’a pas toujours les leviers pour agir sur les problèmes soulevés.
  • le sociologue produit une information qui va rentrer dans le jeu social de l’organisation (communication, marketing, lobbying…) comme dans le jeu social scientifique c’est à dire les controverses.
  • comme n’importe quel acteur, le sociologue a un travail d’intéressement à faire s’il veut diffuser les résultats de ses travaux.

Les effets des organisations sur les pratiques de recherche :

  • les compétences sociologiques se découvrent au contact des non-sociologues : organiser une recherche, formuler une problématique, faire un questionnaire / conduire un entretien, construire une typologie, capacité à élucider, avoir une vision systémique
  • il y a un besoin de formation des ingénieurs aux SHS (méthodes, notions…) afin d’améliorer la capacité à collaborer de façon interdisciplinaire
  • dans l’univers académique, il existe un flou sur le statut du chercheur privé et sa capacité à contribuer à la production de connaissance disciplinaire.

Merci à tous les participants et à Jerôme Boissonade pour sa proposition d’organiser cette séance du séminaire ACDD, retrouvez les prochaines ici

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