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Les articles de Gaëtan Brisepierre
sur la transition énergétique et écologique

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10 ans du Plan Bâtiment Durable : une gouvernance en réseau de la transition énergétique (2019)

A l’occasion des 10 ans du Plan Bâtiment Durable, je publie ce texte pour aider à comprendre ce qu’il révèle et ce qu’il fait de la transition énergétique. Je suis membre actif de son Bureau depuis 2016. 

La transition énergétique et écologique du bâtiment, enjeu du Plan Bâtiment Durable, va de pair avec une métamorphose profonde de la société, depuis l’habitant dans son logement jusqu’au professionnel qui intervient sur le bâtiment. S’il est question de changement social, il est utile de se rappeler le message d’un des grands sociologues Français du XXième siècle, Michel Crozier : « on ne change pas la société par décret ». Le changement écologique ne se réalisera pas exclusivement au travers de décisions centralisées et unilatérales au niveau de l’Etat.

En effet, la transition passe par une mobilisation de tous, soit que les acteurs sociaux décident par eux-mêmes de changer, par conviction peut-être, par calcul toujours.  Or les enquêtes sociologiques de terrain mettent bien souvent en lumière que les changements écologiques sont perçus à titre individuel comme un risque, car vécus comme contradictoires vis-à-vis des intérêts à court terme (surcoûts, perte de temps, stigmatisation…). Pour minimiser ce risque, les changements doivent intervenir de façon synchronisés aux différentes échelles de l’action sociale : citoyens-consommateurs, organisations professionnelles, et politiques.

Les pouvoirs publics ont donc un rôle à jouer pour parvenir à mettre au diapason l’ensemble des acteurs de la transition énergétique. Depuis 10 ans, le Plan Bâtiment Durable est à la fois le vecteur et le révélateur de ce changement de paradigme dans l’intervention publique. A travers les principes qui le guident et les instances qui l’organisent, il dessine un nouveau mode de gouvernance réticulaire qui associe étroitement les acteurs économiques, politiques, territoriaux, scientifiques, associatifs… et leur propose un cadre de coopération pour les entraîner vers un changement choisit et coordonné.

Sans budget d’intervention, ni pouvoir de décision législative, d’où peut bien provenir la capacité d’entraînement du Plan Bâtiment Durable ? D’abord, de l’agilité de son équipe et de l’incarnation de son Président qui fixent le tempo du concerto de la transition. Ensuite, de ses modes d’action qui donnent l’impulsion en se basant sur le volontariat : groupes de travail et colloques sur des sujets émergeants, chartes d’engagement… Enfin, de ses structures qui favorisent l’harmonie en générant de la transversalité et du partage d’informations : un bureau de 50 personnalités issues du bâtiment, de l’immobilier, de l’énergie ; des plans régionaux qui regroupent les autorités locales (DREAL, ADEME, Région…) ; d’un réseau des clusters de professionnels leader ; et une Assemblée Générale ouverte à l’expression de tous ceux qui se sentent concernés.

Le défi d’aujourd’hui pour le Plan Bâtiment Durable est d’articuler ce mode de gouvernance réticulaire, avec celui des institutions classiques (Ministère, Agences…), afin d’éviter toutes fausses notes dans la transition.

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